Licenciement économique : le droit du travail ne doit pas plier face au Covid-19 ! 

Publié le
Licenciement économique : le droit du travail ne doit pas plier face au Covid-19 ! 
La perspective d'une crise économique et d’une grande purge dans les entreprises inquiète de plus en plus les salariés français issus du secteur privé. Pour autant, si on fait respecter le droit du travail, les entreprises ne pourront pas recourir impunément aux licenciements économiques. Ces derniers sont strictement encadrés par le droit.

L’employeur peut-il engager un licenciement économique dès à présent ?

En France, il n’existe aucune interdiction générale et absolue de licencier. On peut souligner que la période de Covid-19 n’empêche pas de licencier pour motif personnel, disciplinaire ou non. Mais pour éviter tout licenciement économique (C. trav., art. L. 1233-3) lié directement et immédiatement à la crise sanitaire, sans toutefois les interdire, le Gouvernement a largement incité les entreprises, dès lors qu’elles justifient d’une baisse d’activité, à recourir au dispositif du chômage partiel, en élargissant la catégorie des salariés éligibles à ce dispositif, en augmentant l’indemnisation des heures chômées à destination des entreprises, et en exonérant les entreprises de leurs charges sociales dans l’hypothèse où elles souhaiteraient maintenir la rémunération de leurs salariés à 100%.

Le licenciement économique doit demeurer la solution ultime 

En ces temps d'incertitude, il peut être tentant de supprimer des postes pour améliorer rapidement le bilan de son entreprise. Attention toutefois à ne pas bafouer les règles élémentaires du droit du travail. Compte-tenu des importants efforts effectués par le Gouvernement pour soutenir les entreprises, des salariés injustement licenciés pour un motif économique pourraient être légitime à demander la requalification de leur licenciement en licenciement sans cause réelle et sérieuse devant le Conseil des Prud’hommes et obtenir gain de cause. S’il va de soi que le licenciement économique peut être mis en œuvre lors de la cessation d’activité de l’entreprise, il doit demeurer la solution ultime. En cas de doute sur la cause réelle et sérieuse du licenciement économique, le juge le déclarera abusif.  L’employeur a tout intérêt à anticiper les conditions du redémarrage économique et à encourager les salariés à suivre des formations à distance. Tout doit être recherché et accompli en amont pour éviter les licenciements. Dans cette optique, les sociétés d’au moins 300 salariés doivent mettre en place un dispositif de G.P.E.C (Gestion Prévisionnelle des Emplois et Compétences). Au titre de la prévention individuelle, des efforts de formation et d’adaptation doivent être mis en œuvre au bénéficie du salarié. Enfin, toutes les possibilités de reclassement interne (au sein de l’entreprise ou des entreprises du groupe auquel l’entreprise appartient) doivent être proposées au salarié.

Attention au retour de bâton pour les entreprises opportunistes 

En l'absence de motif économique, l'employeur devra également être tenu au remboursement des indemnités chômage. Suivant l’article L. 1235-4 du Code du travail, le juge doit ainsi ordonner d'office le remboursement par l'employeur fautif aux organismes intéressés de tout ou partie des indemnités de chômage versées au salarié licencié, du jour de son licenciement au jour du jugement prononcé, dans la limite de six mois d'indemnités de chômage par salarié intéressé. Dans un arrêt du 5 février 2020, la Cour de cassation précise ainsi qu’en l'absence de motif économique, le CSP devenant sans cause, l'employeur est tenu de rembourser les indemnités de chômage éventuellement versées au salarié, en déduisant la contribution prévue à l'article L. 1233-69 du code du travail et déjà versée par l’entreprise  aux organismes concernés. 

Pour aller plus loin  

À propos de Cadre Averti

Conçu par Françoise de Saint Sernin, avocate spécialisée dans la défense des intérêts des cadres et dirigeants au sein du cabinet saintsernin-avocats.fr, Cadre Averti a pour ambition de répondre aux premières interrogations de salariés confrontés à un aléa de carrière. Ce site propose ainsi un grand nombre de fiches techniques permettant immédiatement de comprendre les enjeux d’un dossier et de se repérer dans le maquis des textes.

Licenciement pour inaptitude : le nouvel emploi n'est pas une circonstance exonératoire ! 

Licenciement pour inaptitude : le nouvel emploi n'est pas une circonstance exonératoire ! 

Chaque année en France, plusieurs dizaines de milliers de salariés sont déclarés inaptes à tout poste de travail dans l’entreprise et licenciés. En application de l’article L. 1226-4 du code du travail, si l’employeur n’a pas procédé au licenciement dans le délai d’un mois qui suit l’avis d’inaptitude, il devra alors reprendre le paiement du salaire, et ce même si le salarié inapte a physiquement quitté l’entreprise ; peu importe que le salarié ait, ou non, retrouvé une activité professionnelle. 

« Le droit du travail en Europe face au Coronavirus » - Que se passe-t-il en Allemagne ?

« Le droit du travail en Europe face au Coronavirus » - Que se passe-t-il en Allemagne ?

Le Covid-19 bouscule profondément la vie des entreprises et des salariés. Afin de mieux comprendre l’impact de la pandémie, Cadre Averti a interrogé des avocats en droit du travail afin qu’ils puissent témoigner de la situation dans leur pays. Cette semaine nous faisons le point sur la situation en Allemagne avec Maitre Alexander Mittmann.

Nous suivre


LE COMICS À LA UNE

Témoignages
Appel à témoignage

Vous avez vécu une situation professionnelle singulière qui n'est pas traitée par Cadre Averti ?
Vous pouvez nous en faire part de façon anonyme afin d'enrichir le site.

Laissez-nous un message à :
temoignage@cadreaverti-saintsernin.fr
Merci à vous

LES THEMES LES PLUS CONSULTÉS

Préavis et congés payés

Mon contrat de travail prévoit que je dois effectuer un préavis. Qu’est-ce que c’est ? Le préavis est la période de travail postérieure à la remise de la lettre de démission ou de licenciement.

La rupture conventionnelle

La rupture conventionnelle est un cas de rupture du contrat de travail français à durée indéterminée introduit par la loi portant modernisation du marché du travail du 25 juin 2008. Cette rupture

Indemnités au prorata : 13ème mois, primes d’objectifs, participation

13ème mois, primes d’objectifs, participation… le contentieux judiciaire des primes et autres émoluments est à la mesure de l’importance de ce mode de rémunération. Un salarié qui quitte l’entreprise

Contrat de sécurisation professionnelle

Le Contrat de sécurisation professionnelle (CSP) est destiné aux salariés licenciés pour motif économique par une entreprise dont l’effectif est inférieur à 1000 personnes. Ce dispositif a comme

Testez vos connaissances en droit du travail

Quiz - Discrimination ou non : saurez-vous faire la différence ?
Françoise de Saint sernin

Avocate en droit du travail, a créé et anime le site Cadre Averti

Françoise de Saint sernin

Coordonnées du cabinet :

SCP Saint Sernin - 156, avenue Victor-Hugo - 75116 Paris
Tél : 01 40 67 95 93
saintsernin-avocats.fr