#Chômage Entre le ministère du travail et l’INSEE : qui dit vrai ?
Publié leQuels sont les vrais chiffres du chômage ? Les chiffres du chômage ne sont systématiquement pas les mêmes selon qu’ils émanent du Ministère du Travail (DARES) ou de l’INSEE. Cadre Averti fait le point sur la comptabilisation du chômage en France.
Qui dit vrai ? Qui dit faux ?
Depuis l’élection de Monsieur Macron à la présidence de la République, les chiffres du chômage, trop anxiogènes, ne sont plus publiés tous les mois mais désormais tous les trimestres.
Depuis, les français ont droit à « deux sons de cloche » différents. A la fin du mois suivant le trimestre concerné, le Ministère du Travail (DARES) communique les chiffres du chômage, généralement avec force commentaires. C’est seulement le 14 du mois suivant que l’INSEE se prononce à son tour, mais dans l’indifférence.
C’est ce qui s’est passé pour les chiffres du chômage du troisième trimestre 2019. Le 25 octobre 2019 la DARES (Ministère du Travail) annonce : « Le chômage diminue de 0.9 % ce trimestre ».
Le 14 novembre 2019, l’INSEE infirme : « Au troisième trimestre 2019 le taux de chômage augmente de 0.1 point ».
Des chiffres en trompe l’œil !
En réalité, seule l’INSEE comptabilise le nombre de personnes privées d’emploi. En effet, son étude, beaucoup plus complète que celle de la DARES, fait ressortir non seulement les chiffres du « chômage », soit les chômeurs indemnisés, mais également ceux du « halo autour du chômage », soit la population sans emploi qui ne touche pas ou plus les indemnités chômage.
Selon l’INSEE, « le halo autour du chômage augmente de nouveau au troisième trimestre »
« Parmi les personnes inactives au sens du BIT, 1,6 million souhaitent un emploi sans être considérées au chômage : elles constituent le halo autour du chômage. Leur nombre augmente de 27 000 entre les deuxième et troisième trimestres 2019 et retrouve le niveau atteint fin 2018. »
Le graphique produit à l’appui de ce commentaire est particulièrement évocateur.
Les « seniors » principales victimes de la faiblesse de l’emploi
Cette manière de comptabiliser le chômage en suivant les seuls chiffres de la DARES est d’autant plus dommageable qu’elle fait l’impasse sur le non emploi et la paupérisation des séniors. Il s’agit d’un véritable fléau puisque de nombreux cadres ayant épuisé leurs indemnités Pôle Emploi attendent, en étant privés de tout revenu, le moment où ils pourront prendre leur retraite. En France le taux d’emploi des séniors ainsi est beaucoup plus faible que dans les autres pays avec un décrochage massif entre 59 et 60 ans. A 64 ans seuls 8,4 % des français travaillent à temps complet. C’est ce qui résulte d’un graphique publié dans le Monde du 17 septembre 2019. Ce sont les « inactifs » âgés de 60 et 61 qui font exploser les chiffres du halo autour du chômage, soit ceux qui ont épuisé leurs indemnités Pôle Emploi et qui doivent attendre, privés de revenu, de fêter leur soixante deuxième anniversaire pour pouvoir prendre leur retraite.
Voir https://www.cadreaverti-saintsernin.fr/actualites/emploi-seniors-45.html
Avec un âge pivot à 64 ans, ce sera pour les seniors qui ont perdu leur emploi, et plus principalement les cadres, deux années supplémentaires de « halo autour du chômage ». On comprend pourquoi certains se préoccupent avec inquiétude du sort réservé à la mesure phare de « l’âge pivot à 64 ans ».
On attend désormais avec impatience les résultats complets de l’emploi pour l’année 2019 qui seront publiés par l’INSEE le 14 février 2020.
Par Françoise de Saint Sernin, Avocate associée - Cabinet SAINT SERNIN