« Réussir son burn-out » : un ouvrage pour briser les tabous 

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« Réussir son burn-out » : un ouvrage pour briser les tabous 
Elles sont sept femmes, de 35 à 60 ans, infirmière, cadre, assistante sociale… Leurs sept récits de burn-out aux caractéristiques communes montrent que le burnout ou épuisement professionnel, causé par une longue exposition quotidienne à un stress majeur est bel et bien une pathologie chronique. Sentiment d’être comprises, partage, entraide… Cadre Averti interroge cette semaine Corinne Le Bars, docteure en sciences de l’éducation à l’origine de ce riche ouvrage avec la participation de : Laurence Le Bon,  Valérie Pagnon, Anne-Marie Souffois, Lucie Thébault, Blanche et Sarah. 

Cadre Averti - Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire ce livre ? Peut-on vraiment « réussir son burn-out » ? 

Corinne Le Bars : Il faut revenir un peu en arrière. En septembre 2019, les 7 femmes qui témoignent dans le livre se sont rencontrées dans un groupe d’entraide qui leur avait été proposé par le service social de la CARSAT (Carsat Bretagne), qui les suivait individuellement. A l’issue des séances, comme j’avais déjà publié plusieurs ouvrages, je leur ai proposé d’écrire un livre ensemble parce que nous avions beaucoup de mal à nous quitter. Un premier livre est paru en janvier 2021 aux éditions Dire le travail sous le titre « A s’en brûler les ailes », récits de souffrances au travail. Mais entretemps, les éditions érès, qui avaient reçu le manuscrit, se sont manifestées et m’ont demandé de rédiger une seconde partie racontant notre parcours commun de résilience.

Cadre Averti - Pourquoi avoir choisi les récits de 7 femmes en particulier ? Est-ce différent pour les hommes ? 

Corinne Le Bars : Nous n’avons pas choisi d’être entre femmes : les hommes n’ont pas répondu présents à l’invitation du service social de la CARSAT. Je pense qu’ils ont davantage de difficultés à partager leurs émotions et à reconnaître leur vulnérabilité.

Cadre Averti -  Dans une société qui valorise la suractivité… comment les personnes en burn-out prennent-elles conscience de leur état?

Corinne Le Bars : C’est là tout le problème. Nous avons toutes un profil de bosseuses, de perfectionnistes et nous pensions toujours parvenir à faire face au surcroît d’activité, aux mauvais traitements aussi pour certaines d’entre nous qui les avons vécus. Nous sommes restés dans le déni longtemps. Personnellement, je datais le début de ma souffrance au travail à fin 2017 alors que, lorsque j’ai demandé mon dossier médical à l’occasion du départ en retraite de mon généraliste, j’ai lu avec stupeur que dès 2015, il notait : « Problèmes au travail » !

Cadre Averti - Que ressent-on une fois arrivé au point de rupture?

Corinne Le Bars : Le point de rupture, ce n’est pas notre cerveau qui nous l’indique mais notre corps. Un jour, il nous a toutes lâché. L’une d’entre nous a perdu connaissance lors d’un spectacle, l’autre est restée paralysée dans son escalier, pour ma part alors que je rentrais d’un déplacement professionnel, j’ai eu plusieurs trous noirs sur la route et j’ai ressenti quelques heures plus tard des symptômes évocateurs d’un AVC. Le corps dit stop très violemment et l’on n’a pas d’autre choix que de l’écouter pour la première fois.

Cadre Averti - Cet ouvrage c’est aussi le reflet du travail de l’association les PEST (Patientes expertes de la souffrance au travail). Le témoignage est-il salvateur ? 

Corinne Le Bars : Après la livraison du premier manuscrit à « Dire le travail », et avant qu’érès se manifeste, nous avons à nouveau craint que notre aventure commune s’arrête lorsque Lucie, qui témoigne dans le livre, a proposé que l’on crée une association pour d’autres victimes du burn-out. Nous avions le choix entre nous associer à des professionnels de santé pour créer à terme une Maison de la souffrance au travail ou créer une association composée uniquement de bénévoles. Mais nous connaissions la pair-aidance et nous avons décidé de nous constituer en Patientes Expertes de la Souffrance au Travail. L’acronyme mettait une pointe d’humour dans un monde de brutes. Depuis que l’association existe, nous vérifions tous les jours que le témoignage est salvateur, surtout entre pairs. La première chose que nous disent les adhérents, c’est : « Enfin, on se sent compris ! ». 

Cadre Averti -  Comment s’en sortir à temps? Quel est le premier conseil que vous donneriez aux lecteurs et plus particulièrement aux lectrices de Cadre Averti ? 

Corinne Le Bars Pour s’en sortir à temps, il faut que les « signaux faibles » deviennent des « signaux forts ». S’ils sont le fait d’un seul individu, les signaux faibles peuvent être négligés mais, s’il s’avère que l’on retrouve ces signaux faibles chez plusieurs personnes en même temps, les managers doivent être alertés. Si ces signaux faibles se répètent et se multiplient, même s’ils ne concernent qu’une personne, ils doivent être relevés. Parmi ces signaux : les petits arrêts de travail (que parfois le salarié abrège), les congés non pris, le travail emporté chez soi le soir ou le week-end, les pauses oubliées (et même les pauses-pipi), les plaintes somatiques, les problèmes cognitifs (concentration défaillante, oublis…). Mais pour que le salarié ne se sente pas épié, l’organisation doit mettre en place des habitudes de discussion, de partage des émotions, qui concernent tout le monde et en tout temps. Ce qui est presque sûr, c’est que la personne qui souffre au travail est la moins à même de faire ce qu’il faut pour s’en sortir : c’est le processus même du burn-out qui veut cela.

Pour aller plus loin : 

Association les PEST ~ Patientes expertes de la souffrance au travail https://pest-souffranceautravail.jimdofree.com
Réussir son burn-out : Récits de résistantes par Corinne LE BARS aux Editions érès https://www.editions-eres.com/ouvrage/4850/reussir-son-burn-out

À propos de Cadre Averti

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